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Beaucoup de personnes se posent des questions relatives à l’âge
de Rose : « est-ce qu’elle n’est pas trop jeune pour
prendre cette décision ? » (rappel : début de transition :
6 ans 😊 !).
Cela part toujours d’un très bon sentiment : les gens
ont peur pour Rose, ils veulent la protéger, car en tant qu’adultes,
nous nous projetons dans « l’après » (la transition physique, les
moqueries à l’école, etc). Or, Rose elle, vit dans l’immédiat, à 6 ans, elle ne
se projette pas beaucoup plus loin que le dessin animé qu’elle aura peut-être
le droit de regarder ce soir « si elle est sage » 😊 😉 !!
Mais bien évidemment, lorsqu’on lui parle de la rentrée à l’école, elle sait ce
que cela sous-entend, et elle est consciente que cela ne va pas être simple,
même si elle a du mal à évaluer le laps de temps qu’il reste avant cette dite-rentrée.
Aussi, c’est notre rôle en tant qu’adultes, en
tant que parents, d’accompagner notre enfant pour prendre les bonnes
décisions. De ce fait, derrière cette question, « n’est-elle pas trop
jeune pour prendre cette décision ? », j’ai toujours tendance à entendre
la question sous-entendue : « non mais qu’est-ce que vous faites les
parents, mais vous êtes fous elle n’a que 6 ans 😉 ?!! » !
Mais avant toutes choses, je tiens à expliquer une chose
importante aux personnes qui se posent cette question : selon moi, il
ne s’agit pas d’une « décision ». C’est simplement un état de
fait : Rose se sent petite fille, elle est née dans le mauvais corps,
aussi, c’est notre rôle de l’accompagner pour qu’elle puisse être bien, être
elle-même et se sentir aimée et entourée.
Bien évidemment, nous nous sommes posés beaucoup de questions Papa Zazou et moi lors des premiers questionnements de Rose sur ce sujet (Rose - février 2020 : « Maman, si je le veux vraiment, est-ce que je peux changer de sexe ? »). Mais le Docteur Cohen, que nous avons eu la chance de rencontrer à l’hôpital Robert Debré et qui voit des enfants présentant une dysphorie de genre tous les jours, nous a très vite rassurés : il est nécessaire d’accompagner ces enfants dans leurs cheminements plutôt que de leur faire refouler ces sentiments au plus profond d’eux pour les voir ressortir à la puberté ou à l’adolescence avec toute la violence que cela peut comporter (mal-être, agressivité, tentatives de suicides, etc.). Aussi, nous avons été confortés dans notre décision d’accompagner Rose et de la laisser devenir la petite fille qu’elle souhaite être.
De plus, je tiens à rassurer les plus réticents, ceux qui se
renseignent sur internet (parce qu’on sait tous que Wikipédia dit toujours la
vérité 😉 !) ou ceux qui pensent tout de suite à
l’opération des parties génitales (je comprends, c’est humain, mais ça a tout
de même tendance à m’agacer 😉 car, comme je l’ai déjà expliqué dans
plusieurs articles, toutes les personnes transgenres ne font pas cette
opération et ce détail intime n’appartient qu’à eux, et ne regarde personne d’autre 😊!!) :
Rose n’a que 6 ans, et nous débutons une transition sociale uniquement =
elle veut ressembler physiquement à une petite fille. Elle a donc changé de
prénom pour un prénom féminin, nous avons refait sa garde-robe
avec des jupes, robes et du rose, beaucoup de rose 😉,
nous lui faisons pousser les cheveux (car elle les veut longs jusqu’aux
fesses !!) et nous la présentons à toutes et tous comme une
petite fille, même si nous informons lorsque cela est nécessaire (école,
sports, etc.), qu’elle est né dans un corps de petit garçon. Côté administration,
nous allons faire changer son prénom sur sa carte d’identité, mais il n’est
pas possible de changer le genre sur la carte d’identité avant que l’enfant
soit majeur. Elle restera donc un petit garçon aux yeux de l’administration (ce
qui est assez délicat et pénible pour les personnes transgenres je pense :
on leur refuse quelque part le droit d’être eux-mêmes).
A la puberté, vers 12 ans environ, lorsque
Rose commencera à avoir les premiers signes de changements physiques dus à l’afflux
des hormones masculines, un endocrinologue pourra lui prescrire des bloqueurs de puberté si Rose souhaite
toujours être une fille. Ainsi, cela évitera qu’elle ait la voix qui mue, les
poils qui poussent, la pomme d’Adam qui se forme, etc.
Et si à 15 ans Rose est toujours certaine de vouloir
être Rose, elle pourra alors entamer une transition
physique : c’est à dire prendre des hormones dites « féminines » afin de développer un peu
plus son côté féminin : voix plus aiguë, corps plus fin, un peu de
poitrine.
Encore une fois, pour rassurer les plus inquiets 😉, non seulement Rose est suivit par un service spécialisé dans les questions de genre à l’hôpital Robert Debré (pédopsychiatre, endocrinologue), mais en plus, tous ces « traitements » sont réversibles = ce qui signifie qu’à tout moment, Rose peut décider de tout stopper (bloqueurs ou hormones). A partir du moment où elle arrête les bloqueurs ou les hormones, la nature reprendra alors automatiquement son cours. Ainsi, si elle décide d’arrêter les bloqueurs de puberté, elle fera alors sa puberté masculine et si elle décide d’arrêter les hormones féminines, la testostérone reprendra le dessus et son côté masculin reprendra le dessus.
Bref, on ne parle pas d’opérations (des
parties géniales ou autres) qui pourraient être définitives avant
ses 18 ans.
Rose, et nous par la même occasion, a donc
largement le temps de réfléchir à ce qu’elle souhaite (plus de 10 ans),
à tester la vie en tant que fille, à faire ses premières expériences
amoureuses, etc. et voir ce qui lui convient vraiment. Elle pourra ainsi
décider en toute connaissance de cause les traitements et/ou opérations qu’elle
souhaite mettre en place et si elle veut toujours être une petite fille ou
retourner au sexe qui lui a été assigné à la naissance.
Enfin, une chose est certaine, Papa Zazou et moi serons là
pour l’aiguiller, la conseiller, l’aimer et l’entourer tout au long de ces
étapes. Nous comprenons et assumons pleinement notre responsabilité de parents
envers Rose et il nous semble primordial de respecter sa volonté qui n’est
- comme vous l’aurez compris - pas un choix, mais juste ce qu’elle ressent au
plus profond d’elle-même (du haut de l’innocence de ses 6 ans).
Et lorsque Rose nous dit - juillet 2020 - « Maman, tu
sais, je n’ai jamais été un petit garçon ! », il me semble que
nous prenons le bon chemin 😊.
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