Nouvelle carte d'identité : émotions administratives

Est-ce que j’ai dû faire le deuil de mon enfant ?



Ai-je ou non eu à faire le deuil de mon enfant ?

S’il y a bien un sujet qui fait débat parmi les parents d’enfants transgenres et parmi les personnes transgenres elles-mêmes, c’est celui-ci 😋!! 

 

Je pense que chacun/chacune a un avis très personnel sur la question et qu’il n’y a pas de règle. Loin de moi la volonté de juger quelqu’un qui ne penserait pas comme moi, qui suis-je pour juger ce que ressentent certains parents au plus profond de leur être ? Je partage simplement ici mon ressenti personnel avec vous 😇 !

 

Lorsque la pédopsychiatre nous a conseillé d’accompagner Rose dans une transition sociale, il nous a fallu, à Papa Zazou et moi, accuser le coup.

Mais la transition de Rose ne s’est pas faite du jour au lendemain. Certes, il a fallu décider à une certaine date de l’appeler Rose et de la genre au féminin, ce qu’elle demandait. Mais nous avons finalement pu nous préparer à cette idée. En effet, comme j’en ai déjà parlé dans mes articles précédents, nous avions vu beaucoup de signes particuliers chez Rose et quelques mois avant déjà, elle nous avait demandé s’il était « possible de changer de sexe » ainsi que de l’appeler Rose. Aussi, nous avions une petite idée de ce qui nous attendait à l’issu de notre RDV avec la pédopsychiatre, même si nous préférions encore ne pas l’envisager.

 

Nous n’avons pas eu le sentiment de perdre notre enfant ou de devoir en faire le deuil. De plus, jamais il n’a été question de rejet ou de dégoût de notre part vis-à-vis de notre fille, comme pour certains parents qui rejettent complètement leurs enfants... Non, ce que nous avons ressenti au plus profond de nous, surtout, c’est de la peur. La peur de ce qu’implique la transidentité pour Rose, la peur qu’elle souffre à cause des autres. La peur de ne pas pouvoir être toujours là pour la protéger. La peur pour elle 😨.

Certes, les choses peuvent être difficiles a accepter pour nous, parents, et la charge administrative reposera sur nous jusqu’à ce que nos enfants soient des adultes, mais il est selon moi primordial de retenir que c’est surtout pour nos enfants que la route sera longue, difficile et parfois semée d’embuches. Aussi, notre seule pensée à l’annonce de sa transidentité était sincèrement de faire en sorte que la vie de notre fille soit au moins la plus simple et heureuse possible à la maison et avec son entourage. Que nous soyons son cocon d’amour et de bonheur sur lequel elle puisse se reposer et avoir confiance.  



 

Certaines personnes nous disent que le processus a peut-être été plus simple pour nous parce que Rose est très jeune. Peut-être ! Même si je pense qu’aucun parent n’est préparé a une telle annonce, a un tel changement. Dans notre société et dans nos éducations, nous ne sommes pas préparés à la transidentité, ce n’est pas connu... Avant d’y être directement confronté au travers d’un ami, d’un collègue, d’un membre de sa famille, combien de personnes en avaient vraiment entendu parler ?!

De mon côté, avant d’être confrontée à la transidentité par les questionnements de Rose, je ne savais même pas vraiment que cela existait ! En revanche, j’ai le sentiment que nous sommes toutes et tous beaucoup plus ouverts sur l’homosexualité par exemple ! Comme quoi, les choses avancent et que plus un sujet a une part de voix médiatique et est « connu », moins il paraît alors difficile, étrange, ou étranger pour nous, et il est donc plus facile d’accepter et de comprendre. J’ai donc sincèrement le sentiment que tout est question de connaissance et d’information !  

D’ailleurs, la cause homosexuelle a beaucoup plus avancé en France que la cause transgenre, qui a pourtant toujours existé également ! Aussi, je compte bien continuer à parler de mon expérience de parent d’enfant transgenre dans l’espoir de faire comprendre, faire accepter et que les choses (conditions, perceptions, administrations, etc.) évoluent plus positivement et rapidement pour les personnes transgenres que lors de ces 10 dernières années !!   

 

Certaines personnes nous disent également que notre processus d’acceptation de la transidentité de Rose a peut-être été plus simple pour nous parce que nous avions alors 3 garçons. Peut-être également ! Il est vrai que, comme beaucoup de parents, nous aurions aimé des filles et des garçons !! Aussi, lorsque nous avons décidé d’avoir un troisième enfant, au fond de nous, nous espérions une petite fille ! Mais petit Bébé Zazou n°3 est un petit garçon !  

J’avoue, je me suis dit que je pourrai enfin faire du shopping au rayon filles des magasins ! Mais j’ai surtout pensé cela avec une sorte de mélancolie, plutôt pour me rassurer et me dire que tout ne serait pas difficile pour elle ou pour nous et que nous pourrions même trouver des bons côtés à ce qui nous arrive ! Et oui, je suis heureuse aujourd’hui de faire mon shopping au rayon filles ET garçons et de bientôt pouvoir faire de jolies coiffures à ma Zazounette !!  

 

Mais par-dessus tout, je pense que notre processus d’acceptation a été assez simple car notre enfant est restée la même. Elle n’a pas changé, c’est toujours la même petite fille hyper intelligente, avec une mémoire d’éléphant et beaucoup d’humour, mais aussi avec un caractère bien trempé et une insolence qui nous met souvent en rage Papa Zazou et moi !!!

En cela, nous ne nous sommes jamais dit que nous avions perdu notre enfant. Elle n’a pas disparu, elle est toujours là et même plus heureuse et épanouie que jamais ! C’est d’ailleurs cela qui nous met du baume au cœur et nous conforte Papa Zazou et moi dans notre décision : Rose est aujourd’hui une petite fille heureuse, qui a pris confiance en elle et que l’on sent épanouie 😍. Et pour nous, cela n’a pas de prix !

 


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