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Le plus grand de mes trois Zazous, Raphaël, est un petit garçon
très curieux, intelligent, doté de beaucoup d’humour pour son âge mais
également très sensible. Depuis qu’il est à l’école, je sens bien que Raphaël
est une boule d’émotions lorsqu’il rentre le soir. Aussi, nous nous asseyons
souvent face à face en rentrant de l’école, pour se calmer, souffler et
échanger (désamorcer les colères 😊 !). Ainsi, quand des situations ou des
personnes l’ennuient, il arrive à s’en ouvrir à moi et à mettre des mots sur
ses angoisses, ses déceptions et ses joies également.
Depuis qu’il est en moyenne section de maternelle, mon Zazou,
développe certains côtés plus féminin de sa personnalité. Il aime notamment beaucoup
la couleur rose, met sur ses listes de cadeaux exclusivement des jouets dit « de
filles », s’identifie aux héroïnes et est toujours un personnage féminin
lorsqu’il joue avec son petit frère.
Papa Zazou et moi n’avons que très peu frustré Raphaël dans
ses choix (oui, nous avons tout de même dit non pour le maquillage et le vernis
à ongles, filles ou garçons, pas sur un enfant !!), nous sommes pour l’égalité
des sexes et pour ne pas genrer les choses : non, le rose ce n’est pas que
pour les filles et les poupées non plus ! Mais même si nous sommes très
ouverts et tolérants, nous nous rendons bien compte que notre grand Zazou
développe de plus en plus son côté féminin et cela nous angoisse parfois… Comme
le jour où il nous a demandé une robe, non, pas une robe pour se déguiser (des
robes de princesses, il en a déjà), mais une « vraie » robe achetée
au rayon filles du magasin. Ce jour-là, nous avons eu du mal son père et moi, à
ne pas genrer les choses mais nous avons trouvé une excuse pour ne pas en
acheter une.
Ensuite, mon Zazou m’a régulièrement redemandé une robe et
nous avons fini par lui faire la surprise de lui acheter une jolie robe pour le
nouvel an. Il était tellement heureux ce jour-là, ses yeux brillaient… Il a
voulu porter cette robe à l’école également. Même si Papa Zazou et moi étions
un peu réticents au début, nous l’avons autorisé, cela avait l’air de lui fait tellement
plaisir. Nous l’avons tout de même prévenu : « attention, ce n’est pas
habituel de voir un petit garçon avec une robe, aussi, tu vas certainement
avoir des questions, des remarques », mais il se sentait prêt à tout
affronter, pour lui c’était le plus beau des cadeaux, nous l’autorisions à
porter sa robe à l’école ! Nous avons également demandé l’autorisation de
la maîtresse qui nous a dit que c’était très bien et qu’elle pourrait faire un
discours aux enfants sur la tolérance.
Tous ces signes, nous les avons vu, mais comment en déduire
quelque chose à cet âge ? Comment savoir pour un parent de quoi il s’agit
vraiment ? Je ne suis même pas certaine que Raphaël savait alors déjà.
Un soir, alors que nous nous faisions face pour vider le
trop plein d’émotions de la journée, Raphaël m’a demandé du haut de ses tout
juste 6 ans : « maman, si je le veux vraiment, est-ce que je peux changer de
sexe ? ». Il était plein d’espoir. Je pense qu’à ce moment-là, j’ai réalisé
que mon Zazou se sentait plus fille que garçon. Pour Papa Zazou, c’était encore
un peu flou, Raphaël s’ouvrait à moi, je pense qu’il avait peur de la réaction
de son papa. Je me sentais perdue, je ne savais pas trop quoi faire ni dire et
Papa Zazou non plus ! J’ai donc décidé de me renseigner et de prendre RDV
avec des spécialistes pour comprendre et savoir comment nous devions
accompagner notre Zazou.
J’ai réussi à obtenir un RDV à l’hôpital Robert Debré au
service de psychiatrie de l’enfant (voir article : « Garçon ou fille,notre amour pour lui/elle ne changera jamais »), un service spécialisé
pour les enfants qui démontrent une « dysphorie de genre », c’est-à-dire
un enfant que ne se sent pas à l'aise avec le corps qui lui a été assigné à la
naissance (délai d’attente : 3 mois). Une semaine avant le RDV, j’ai tenu
à informer Raphaël de notre démarche. Papa Zazou lui a alors expliqué le RDV
(tu nous as dit que tu voulais changer de sexe), le pourquoi du RDV (nous t’aimons
plus que tout et nous voulons t’accompagner au mieux en allant voir des
spécialistes qui vont tout nous expliquer) et lui a dit que s’il avait des
questions, il ne fallait pas qu’il hésite à venir nous voir. Cela lui laissait
un peu de temps pour réfléchir.
Je ne sais pas si c’est le fait que ce soit son papa lui ait
expliqué ce RDV (mon papa m’aime, quoiqu’il arrive, qui que je choisisse d’être)
ou le fait qu’il se sente soutenu et aimé (ou les deux !), mais pendant
cette semaine, notre Zazou était comme libéré. Il nous a alors demandé, du haut
de ses si petits 6 ans, de l'appeler Rose. Il se sent Rose et aimerait qu’on l’appelle
ainsi désormais. Il semblait tellement heureux et tellement soulagé de nous le
demander. Nous lui avons répondu d’accord, que nous l’appellerons comme cela le
rend vraiment heureux mais qu’il nous faudrait un certain temps pour en prendre
l’habitude, voilà 6 ans que l’on t’appelle Raphaël mon Zazou…
Et c’est ainsi que mon Zazou est devenu ma Zazounette ❤.
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